Mercredi 12 juin 2013 à 1:57

De nouveau ce marronnier (qui n'est pas sous les étoiles*), certains rassurent, d'autres angoissent mais tous montrent le temps qui passe, repasse et peu à peu nous dépasse.

Cette année se termine, et pourtant, pour ce Ravissement, sa silhouette fragile a franchi le seuil et ses grands yeux ont pétillé dans cette marée de mots pour ces lignes effleurées. Sa chevelure plus tout à fait rousse tressautait sous ses élans enthousiastes. Lol V Stein nous réunit et l'émotion me surprend. Je la regarde, frêle, avancer fermement vers un destin éclatant.

Je  vous remercie, mademoiselle, pour m'avoir offert votre sourire et votre enchantement.

Une année se termine et mon regard efface les dernières traces de ces soupirs, ces agacements, ces sourires, ces apitoiements, ces espoirs, ces tourments, ces moments plaisants, les derniers regrets du temps perdu, des heures trop vite passées, les derniers mots avant que l'été ne nous rende anonymes, avant que leur avenir efface notre souvenir.

Cette année se termine mais se termine avec tous mes remerciements.

A chaque fois tout recommence
Toute musique me saisit,
Et la plus banale romance
M'est éternelle poésie
Nous avons joué de notre âme
Un long jour, une courte nuit,
Puis au matin: "Bonsoir madame"
 L'[année] s'achève avec la pluie.
           
                                 Aragon [ou presque]




*Un marronnier sous les étoiles, Thierry Lenain
 

Dimanche 9 juin 2013 à 14:18

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Samedi 8 juin 2013 à 15:56

Liée à ce lit sans me libérer de son délit je délire et pâlis devant ce que je lis. Moi aussi aimerais faire de ma vie une fantaisie.

Lundi 3 juin 2013 à 22:20

Aujourd'hui elle a lu Malika, ensuite elle dévorera La pavillon des enfants fous et comme moi, à son âge, elle "laissera pleurer la pluie sur ses yeux". http://verone.cowblog.fr/images/19.jpg

 

Jamais, alors, je n'aurais cru que cette douleur pourrait être la mienne et pourtant, elle le fut, à un âge où peu la découvrent, à un âge où le corps n'est plus source de peur, où on a su le montrer, l'offrir, à un âge où on a compris qu'il pouvait séduire, jouir quelle que soit son enveloppe, sa conformité au modèle des mannequins de papier. Je l'ai découverte parce qu'elle n'est pas qu'une attraction physique, un désir de maigreur, je l'ai découverte parce qu'elle est source de puissance, parce qu'elle est source de repère, parce qu'il est des sensations qui trompent, qui semblent nous rendre forts alors qu'elles nous détruisent. Cette douleur, je l'ai amadouée, chassée même si parfois, au détour d'un mur, elle s'engouffre. Mais je la décèle, la dompte et rapidement la fait fuir. Ce soir, sans doute revient-elle un  peu, je la laisse s'avancer pour mieux la contraindre, la combattre.

Aujourd'hui elle a lu Malika et je revois les années qui se sont écoulées, les sourires, les bonheurs et les chutes, les espoirs et les désillusions. Aujourd'hui je me rends compte qu'à cet âge je me disais qu'il fallait mourir jeune pour ne pas avoir à souffrir, que le temps n'était l'allié de personne et que de prendre trop longtemps de la place, c'était perdre du temps, gâché l'univers de présence inutile. Je me rappelle cette rédaction qui consistait à narrer un défi et, stupide, j'avais décrit le choix d'un suicide, habilement peut-être mais naïvement sûrement.
Je me rappelle ces heures infernales à écouter quelque élèves ânonner quelques passages d'un texte qu'il ne comprenait pas, ces heures à égrainer les secondes dans l'attente de la sonnerie libératrice alors qu'elle n'annonçait généralement que le droit de s'enfermer quelques mètres plus loin. Je me rappelle ces mensonges, ces entourloupes pour laisser à croire que le livre avait été lu, que les cours avaient été appris. L'ennui, l'attente, l'ennui, l'attente, c'est ainsi que je me rappelle les nombreuses heures passées devant ces tableaux d'où s'échappait la poussière des craies.
Mais il y eut elle, elle qui nous parlait sans faux-semblant, qui nous apprenait la vie alors qu'on ne la saisissait pas, elle qui était détestée de tous et que j'adorais pourtant, sans doute parce qu'elle nous donnait à interpréter, parce qu'il ne suffisait pas de répéter une leçon stupidement apprise mais parce qu'il fallait réfléchir, analyser. Aujourd'hui, je sais qu'elle ne permettait qu'à peu de réussir mais en ces rares heures où je chassais l'ennui, je ne voyais que le plaisir, les symboles, les beauté cachées. J'aimais les mots, ses mots, ces listes de vocabulaire ou abscons et escogriffe grandiloquent menaient la danse, j'aimais ces images dépecées, ces symboles expliqués, j'aimais comprendre pourquoi telle phrase me plaisait, pourquoi tes slogan fonctionnait, j'aimais devenir maître pour ne plus être soumis à ceux qui savaient. Nous devions n'être qu'une poignée à la comprendre et il est vrai que ses cours auraient été plus adaptés au lycée qu'à ces collégiens de campagne que nous étions. Et pourtant, ce furent intellectuellement mes premières vraies émotions.

Je n'ai jamais aimé beaucoup lire ou plutôt me forcer à lire. Aujourd'hui encore, je pâtis de ces lectures que je n'ai jamais finies, de ces oeuvres que je n'ai jamais terminées parce qu'elles ne me parlaient pas, ne m'emportaient. Je m'amuse de ces faux-semblants, de mes interventions habitées pour des romans que je n'ai jamais adorés. Parce que je sais combien ils sont importants, combien, pour eux, ils feront le différence entre celui qui sait et celui qui prétend, je leur vend comme on hèle sur le marché pour  vendre son poisson, je les ensorcèle de mes énigmes, de mes sous-entendus, et lorsque le livre terminé, ils racontent leur déception, je leur en propose un autre, génial, impénétrable et ils ne savent plus s'ils ont raison. Mais au moins, ils ont lu et ils sauront plus tard ce qu'ils doivent garder de ces contraintes barbares.
J'ai toujours lu. J'ai appris à lire en écoutant ma soeur apprendre à lire. J'avais quatre ans et je ne savais pas que ces signes qui devenaient des sons étaient pour certains une énigme impénétrable. Je lisais ces club des cinq ou ces six compagnons à la lumière de la lune pour oublier ces nuits que je trouvais trop longues mais durant lesquelles je ne pouvais allumer quelconque lampe de peur de réveiller celle qui dormait dans le lit d'à côté. Lire, c'était alors un luxe, l'activité des fainéants! "Tu lis encore!, t'as pas mieux à faire?", je crois qu'ils sont rares ceux qui entendent aujourd'hui cette rengaine qui résonnaient dans ces murs qui n'avaient pour seule oeuvre que ces six romans offerts par le Ministère à l'occasion de sa naissance. C'est joli comme cadeau, un livre.

Aujourd'hui, je les vois, elles,  lire comme un besoin fondamental. "On peut quand même lire" demandent-elles chaque fois que l'heure de dormir est quelque peu dépassée. Elle ne peuvent s'endormir sans ce rituel obligé. Elles lisent, dévorent quelques niaiseries ou quelques classiques. Je me surprends à les "contraindre" à quelques lectures plus difficiles, elles me surprennent à les apprécier. Elle, elle nous a tellement épatés lorsqu'à 6 ans elle connaissait le terme "voix de fausset" parce qu'elle l'avait lu dans Astérix.  Alors que les élèves commençaient leur premier roman, elle entamait la découverte de Dumas et en CM1, elle avait lu la trilogie des mousquetaires. C'est au même âge qu'elle découvrit Hugo et qu'elle dévora tout ce qui lui tombait sous les yeux. Aujourd'hui, à la veille de passer cet examen ridicule qui consiste à saucissonner, débiter, sans aimer, même si la note suprême revient souvent à celui qui a su s'imprégner de ces phrases alambiquées, aujourd'hui donc, elle dévore toujours son livre quotidien, comme une drogue, comme un compagnon qui rassure. Elle lit parce qu'elle va bien. Les livres me tombent des mains, mon esprit toujours divague vers d'autres lieux, d'autres espoirs, d'autres regrets. Les signes défilent sans heurter mon esprit, sans intégrer ma vie.

Valérie Valère a écrit quatre oeuvres, quatre textes qui ne lui ont pas sauvé la vie. Elle a écrit mais les mots n'ont pas suffi à sauver son corps, elle a écrit mais elle s'en est allée quand même.

Lundi 27 mai 2013 à 21:11

Le sourire aux yeux, les douceurs aux lèvres, et cette impression d'être partie la veille. Même vous dont les bavardages couvrent mes logorrhées, vous m'avez manqué.

"Une.... ça ne court pas les rues": je ne résiste pas, je savoure, je répète à l'envi ces mots que j'adore.

Oh oui, je reviens et pour vous, je vais bien!

REPRISE! Enfin...


Jeudi 23 mai 2013 à 22:00

http://verone.cowblog.fr/images/038.jpgMon âme s'apaise lorsque mon moi se repose. Cela suffit-il à aller bien. Que son petit coeur soit rassuré, son corps adoucit, son âme assagie.
Je me déprime à me voir aussi nombriliste, à me démettre pour mon propre salut.
J'aimerais lutter pour eux, ou pour eux. J'aimerais me révolter, aider, être utile mais je ne suis rien, je ne fais rien. Je donne de bons conseils, délivre souvent la bonne parole, ricane de nos pratiques narcissiques, de nos indignations faciles, mais je ne fais rien parce que je n'ose pas, parce que je ne sais pas.

Pendant des années, je suis entrée dans ce monde clos pour offrir un petit peu d'oxygène puis elle est arrivée et ce monde ne m'était plus possible. Trop difficile de voir que tout le monde y était normal, que votre voisin de palier ressemblait à celui-ci que vous veniez de rencontrer parce qu'il avait violé, assassiné.
Et aujourd'hui. J'ai mal devant ces hommes au nez souvent trop rouge qui tendent leurs mains à ce feu rouge quotidien. Je suffoque devant cette femme alitée près de ses enfants alors que le vent hurle sur leur visage. Je m'insurge devant ces champs qu'on assassine pour gagner non pas plus de denrées mais plus de millions. Je m'émeus de ces lignes parcourues, je, je, je mais je n'ai jamais sujet d'un verbe utile, d'une action efficace. Je suis comme tous ces humains qui aimeraient que tout le monde soit heureux mais qui ne s'occupent que d'eux.

Comment on fait pour aider les autres quand on ne connaît personne, quand pousser une porte est une angoisse insoutenable, quand la timidité est aussi maladive. Je l'admire elle, qui a su aller vers ceux à qui elle était utile, ou elle qui, de chez elle, femme en noire, tente l'impossible ou encore lui qui chaque été distribue son savoir pour que là-bas ils gagnent en autonomie. ou même lui simplement parce qu'il dirige ce club où tant de gens viennent se distraire, parce qu'il répond toujours présent quand il peut aider. Mais moi, on ne me demande jamais rien. D'ailleurs que pourrais-je faire?
Je suis lasse de ces lamentations sur ma vie sentimentale moi qui chaque mois touche mon salaire honorable, moi qui chaque jour chérit dans mes bras ces enfants remarquables, moi qui dort chaque nuit dans ce lit confortable, moi qui ose vomir ce qui nourrirait des dizaines d'enfants. Je suis lasse de ce nombrilisme dégoulinant qui aujourd'hui détruit mon estomac après avoir détruit le reste. Je suis lasse de ces je qui ne servent à rien.

ALors, que faire? Comment puis-je oublier ma vie pour enfin améliorer celle des autres? Moi qui ne sais rien faire, moi qui ne suis même pas capable d'oser marcher devant.
Pour que mon "je" cesse de me tourmenter, pour que ce "je" ne soit plus le seul sujet de ce blog insensé.

Jeudi 23 mai 2013 à 21:46

Derniers jours de repos. Pas les plus désagréables, quand la douleur s'efface, que l'énergie revient, quand les cicatrices disparaissent, que les envies renaissent.
DErniers jours de repos et derniers examens. Alors, la tension s'invite, la peur et l'espoir cohabitent.
"On attend demain".


Mercredi 22 mai 2013 à 20:53

http://verone.cowblog.fr/images/225.jpgL'excitation nous gagnait, la nouvelle était certaine, le grenier sombre et poussiéreux devenait une belle promesse, resplendissait de mille feux naturels.

Malgré le travail, malgré les obligations l'impatience était trop forte et, pleins d'espoir, ensemble, nous voulions admirer ces cieux enfin accessibles. Même le soleil, aujourd'hui avait choisi de nous tenir compagnie.

Il était heureux, fier, envieux, plein de projets, il m'accompagnait. Peu à peu il semble s'approprier cette bâtisse, rétif parfois, craintif souvent mais aussi impatient, entreprenant, virevoltant de projet en projet. Le programme des travaux se chargent, les finitions se profilent, l'aménagement devient un futur qui se rapproche.

Nos pas doucement s'enchaînent, nos violons s'accordent. Les barrières s'envolent et si la peur aujourd'hui demeure, la sérénité nous gagne et les rires, de plus en plus souvent résonnent sur ces murs qui bientôt nous accueilleront, et où très vite elles me rejoindront.

Trois fenêtres sur le toit pour trois petits endroits pour elle.

Respire!

Lundi 20 mai 2013 à 20:27

Quelques mots écrits à la volée, comme un voleur, en douce, et ensuite, ce non mensonge pour cacher la réalité.

Tout va bien, tout va très bien mais il est des réflexes qu'il faut taire.

La douleur est aujourd'hui physique, elle remonte sur l'estomac, laissant craindre une maladie plus grave. Il faudrait consulter mais la peur du verdict retarde le rendez-vous. Et pourtant, tout va bien, tout va mieux mais les peurs sont là et l'amère réalité de cette vie à jamais effacée me retient d'aller parfaitement bien.

Les âmes mortes après les âmes grises alors que la mienne renaît. Etrange comme ces lectures se détachent parfois de notre réalité.

Vendredi 17 mai 2013 à 21:29

Je me blottis contre lui, sa peau marbrée, fine, laissant entrevoir les stigmates de l'âge m'apparaît dans toute sa force fragile. Il sourit, l'oeil rivé sur quelqu'une page dont il suit chaque ligne en un léger mouvement de tête. Les mots défilent et son bras se déplace à intervalle régulier pour que se poursuive l'aventure. Je reste là, attentive aux battements de son coeur, aux bruits de son corps; ma main doucement voyage, épousant chaque relief, caressée par son torse si peu velu. Il frémit mais ne bouge pas, poursuit cette lecture mais je sais qu'il est avec moi, que le désir s'immisce.

Ma convalescence m'offre des heures de solitude et de repos, des heures de liberté, des heures pour penser. Mes journées s'ouvrent avec ce petit déjeuner qu'il m'a préparé avant de partir. Je parcours les nouvelles trop souvent désastreuses du quotidien qu'il a ramené avec le pain frais et déguste ce café encore fumant. Je souligne, entoure, commente ces mots, guette toute information inutile mais étonnante, relève ces commentaires déguisés en vérité, sourit devant ces portraits parfois cocasses. Je tente alors quelques corrections mais déjà la fatigue me gagne. La journée s'étire sans tension, sans peur. Et parfois, un spasme me parcourt, un sentiment amoureux tellement fort qu'il m'envahit et me submerge. Cette simplicité-là, ce bonheur si simple nous serait-il aujourd'hui permis? Va-t-on enfin pouvoir, un tout petit peu se détendre et envisager un avenir qui sourit? Je n'ose y croire. Je redoute le retour de bâton, la prochaine cassure, la probable chute.

Comme une balance infernale, lorsque la vie d'avant prend l'eau, la vie d'après semble reprendre force. Entre les deux, il y a elles, que peu à peu je retrouve, avec qui peu à peu je peux de nouveau envisager un avenir commun.

Apprendre à maîtriser ses angoisses, évincer les fantasmes ravageurs, parler, devancer les peurs et faire confiance. Et comprendre peu à peu qu'il aurait pu rester là-bas, qu'il aurait pu à jamais ne pas oser sauter le pas mais que depuis 4 ans, malgré la douleur, malgré les heurts, malgré les différents, chaque soir, c'est à côté de lui que je dors et que chaque jour je m'émeus de cet amant.


Vendredi 17 mai 2013 à 13:22

Oublier le passé, consacrer le présent espérer l'avenir.
Convoquer le passé pour comprendre le présent et embellir l'avenir.

Les montagnes russes se poursuivent, dévalant vers les abysses pour ce passé qui me portait, s'élevant vers les nuages pour ce présent qui m'enveloppe.

Je ne sais pas où je vais mais peu à peu j'y vais.


Mercredi 15 mai 2013 à 21:09

Il a, d'un coup d'éclat et de colère, envoyé balader la lumière. Il a fouillé les viscères et mis à jour les pires misères.
La communication est rompue, le noyau a explosé et plus rien ne sera plus pareil désormais.

Il a choisi la haine, il a choisi son camp et il a gagné leur dépression.

Nous étions une famille, nous sommes des ruines mais visiblement, il est plus heureux comme ça. Etonnant, non?

Lundi 13 mai 2013 à 16:13

Il est des chiffres qui s'envolent. 12500, chiffres étonnants, complètement incompréhensibles. Ils sont nombreux, ces T4, trop nombreux, beaucoup trop nombreux. Et alors? Alors, rien, il faut attendre, poursuivre chaque jour ce petit comprimé blanc, dont le numéro change et qui pourtant ressemble étrangement au précédent. Attendre que cette pilule miracle fasse disparaître ce nombre astronomique, le fasse disparaître pour qu'ils ne soient plus qu'une petite centaine, à peine un millier. Alors, chaque matin, quand mon esprit est encore embué des vapeurs de la nuit, ce geste sans conscience, cette bouteille happée pour engloutir ce minuscule cachet qui doit pourtant transformer ma vie, qui doit faire de la larve que je deviens un être énergique et dynamique, de mon esprit déprimé une âme joyeuse et gaie, de mon corps endormi un ressort de tonus. Quelques mg de lévothyrox pour des tonnes d'espoirs.
La reprise est pour demain, mais le miracle n'a pas encore eu lieu. Mes paupières sont si lourdes que j'ai l'impression de participer à un numéro d'hypnose, mon esprit si embrouillé que j'ai l'impression d'être incapable de la moindre concentration, que tout mot devient un trésor à aller chercher, que toute réflexion une bouillie sans nom.
La reprise est pour demain et si elle me réjouit car il est des sourires qui me manquent, des énergies qui vous dynamisent, il y a aussi cette peur du burn out, de l'effort en trop, de l'impossible lutte contre cette fatigue tellement pugnace.

LA reprise a lieu demain sous des auspices douloureux, des choix impossibles, des envies d'ailleurs, des envies de meilleurs. La reprise est pour demain mais la mienne est terminée. J'allais mieux, j'espérais et il aura suffi qu'à nouveau elle ait de nouvelles lubies pour que tout cesse, pour que ma sérénité s'envole.

Passer des heures à vivre comme un fantôme qui regarde sa vie, une enveloppe charnelle posée au milieu de ces gens familiers mais à l'intérieur un oeil goguenard qui s'échappe et toise cette mise en scène ridicule, ce mensonge quotidien. Qui suis-je au milieu de ces gens qui eux existent vraiment, ne se cachent pas, ne trichent pas. Qui suis-je moi qui ne peux dire qui partage mes soirées, d'où je viens, où je partirai lorsque l'heure sera venue de se quitter. Ils évoquent leurs vacances, rient de leurs erreurs, de leurs expériences antérieures, de toutes ces anecdotes du quotidien qui font une vie. Et moi, je me tais puisque ma vie est cachée, je me tais puisque je ne suis qu'une maîtresse qu'on n'assume pas. Je me tais puisque je suis mariée avec un homme avec lequel je ne vis plus et qui lui dort avec une femme qui m'est inconnue. Je me tais parce que pour moi, il n'y a plus de projet de vacances, il n'y a même pas la certitude de savoir qui partagera mon quotidien les mois prochains. Je me tais puisque l'homme que j'aime personne ne le connaît, puisque la vie que je mène, le lit où je dors, personne ne les connaît.

Je deviens cette âme vide qui a cru l'espace de quelques semaines qu'enfin elle avait une vie. Je redeviens cette maîtresse qui a cru qu'elle pourrait accepter cette vie, je redeviens cette honte de l'ombre, celle que l'on laisse pour "vivre la parodie d'un couple qui pourtant n'existe plus". Je sombre dans la détresse de ces mots "je n'y arrive plus" et de cette certitude, aucune raison ne peut justifier que j'accepte cette humiliation de ne pas exister, aucune intelligence ne pourrait accepter qu'on me cache pour, simplement, mentir, faire semblant, et accentuer le mal qui me tue.

Alors, finalement, ces milliers de trop sont sans doute rien à côté de cette humiliation de n'être rien.


Mercredi 8 mai 2013 à 16:49

Une cuisine en kit, un cœur en morceaux.

Tout n'est que faux, tout n'est qu'apparence. Toujours les mêmes rengaines.

Dimanche 5 mai 2013 à 19:07

Quelques jours supplémentaires pour laisser à ce corps le temps de retrouver son énergie, à cette thyroïde de fonctionner un peu mieux, à ces maux de disparaître complètement, à mon esprit de se ressourcer pour cette dernière ligne droite toujours anxiogène.
Quelques jours supplémentaires pour apprendre peu à peu à apprivoiser cette nouvelle vie, pas forcément facile, pas forcément difficile, pas toujours agréable mais jamais complètement désagréable.
Vivre dans un pays privilégié c'est avoir du temps pour des problèmes nombrilistes sans importance, cela me rend honteuse, cela me rend déceptive, sans la dimension héroïque.

Apprendre peu à peu à l'emmener vers ce projet un peu fou: rejoindre Venise à Vélo, quelques centaines de kilomètres pour découvrir cette ville magnifique aux reflets merveilleux. Rien n'est certain, tout est fragile mais le projet est tellement beau.

Apprendre peu à peu à se détacher pour rester plus proches, à s'accepter pour le rendre plus heureux, à le libérer pour le rendre plus envieux d'être envoûté, à retrouver le bonheur d'avant.

Vendredi 3 mai 2013 à 1:42

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Mercredi 1er mai 2013 à 17:30

C'est mon corps qui se repose et mon esprit qui s indispose.

Mardi 30 avril 2013 à 21:11

Elles sont là, m'entourent, me soutiennent mais la fatigue est trop forte, trop handicapante.
Et puis, il y eut ce message, trop froid, trop distant et cette absence trop longue.

ALors, je vais mieux mais la guérison est encore loin

Vendredi 26 avril 2013 à 18:41

Une salle d'attente, un fauteuil, des odeurs d'éther, d'alcool et des flacons partout.
Une salle d'attente, une jeune femme souriante, bienveillante, chaleureuse, bavarde aussi, un peu.
Un cabinet, quelques minutes et des fils qui sautent, une cicatrice qu'on admire, complimente, nettoie.
Une feuille de soin et la facture tombe: 6,40, cette intervention aurait coûté 23 euros chez un médecin mais là, 6,40. Alors, certes, j'aurais pu moi-même procéder à l'ablation des fils tant l'acte est simple mais avec la même douceur? Le même savoir-faire?
Je lui ai donné mes 6euros 40, étonnée, honteuse quelque peu de la feuille de soin qu'elle me tendait.

6,40: il faut en réaliser des actes à ce prix là pour compenser les frais engagés!

Je ne me plains pas de ne pas avoir payé cher, je m'étonne de la différence et surtout je m'interroge sur notre système qui m'émerveille par son efficacité et qui m'interpelle par ces discordances.

6.40 plus tard, mon corps n'a plus de fils et la guérison se poursuit, douloureuse et lente mais positive

Mercredi 24 avril 2013 à 12:38

Je hurlais contre ce rein qui décidément refusait de me laisser en paix, je le maudissais de se nécroser tel un fainéant refusant l'exercice qui lui est demandé, et la douleur a fini par gagner, par nous contraindre à regagner ce service, si froid, si plein d'odeurs nauséabondes, de bruits déshumanisants, de box animalisants.
2h30 du matin et le départ vers une chevauchée qu'on n'imaginait pas, vers des heures de douleurs jusqu'alors inconnues, des doutes, des pleurs, des angoisses et des montagnes de piqûres, d'examens, d'interrogations, d'interrogatoires et au bout du compte, un rein qui n'y était pour rien! Anagramme prémonitoire.
Des heures de solitude, d'attente, d'écoute à l'affut du moindre son, du moindre signe qui prouverait mon existence, ma prise en charge. Des heures sur un brancard collé contre le mur d'un couloir où des anonymes passent, jettent un oeil et frappent à cette porte telle un sanctuaire délivrant les réponses à tous les maux. Des heures sur ce brancard à entendre ce futur père qu'on a oublié lutter contre l'angoisse, espérer cette vie qui semble ne vouloir s'ouvrir, à écouter ces cris de celle-là par contre éclose sans encombre. Et enfin, une voix, un regard, une écoute et la découverte de ce mal qui rugissait en mon antre. Des heures dans un brancard pour quelques minutes dans ce cabinet mais enfin un sourire, une voix humaine, mon prénom qui résonne. J'existe et on va m'aider. Et elle est arrivée, d'une provocante jeunesse, un prénom de princesse, et pourtant une incontestable autorité. Cindy savait ce que j'avais et elle allait m'aider. Je n'étais plus un numéro, un corps sur un brancard, j'étais une personne qu'on allait écouter, respecter, soigner, accompagner. Je ne savais pas alors que je partais pour une semaine de torture mais je lui confiais mon corps pour qu'il reste une envie.
Le rythme s'accélère, l'hospitalisation se décide dans cette chambre aux couleurs chatoyantes, dans ce lit aux multiples facettes, devant cet écran désespérément noir, entourée de ces sourires bienveillants. Epargner mes chairs, dissoudre le mal, tout tenter et se résoudre à l'agression parce que l'ennemi est trop fort, les soldats trop nombreux. Malgré tous ses efforts, il y aura cette intervention.
Il n'avait pas compris que j'avais besoin de lui, me laissant dans cette chambre pour aller vers ses copies, il n'avait pas compris que mon coeur était meurtri de son absence, de son apparente désinvolture. Il brillait par sa froideur et emportait ma sérénité. Je lui ai suffoqué ma douleur et, penaud, comprenant enfin qu'il devait s'ouvrir, détruire cette carapace, il est revenu, tendre, présent, seul des heures face à cette âme qui pleurait, cette douleur qu'il ne pouvait souffler, ce corps qu'il chérissait et qui se démenait. Son sourire a accompagné mon départ vers le bloc et a illuminé mon retour enveloppé dans ce brouillard artificiel. Il était là, empli de crainte et d'espoir, écoutant, soulageant, entraînant  ces rires oh combien douloureux mais tellement bienfaiteurs. Il nous fallait évoquer l'intimité de notre relation, assumer notre statut de couple. Pour ces femmes en blouse blanche, ces étincelles dans ces journées noires, il était mon compagnon, mon "mari". Et enfin, il a lâché prise, assumé ce rôle, accepté ce titre.
Les heures les plus physiquement douloureuses de ma vie furent les heures les plus sereines de notre couple, les plus apaisantes. Il avait fait enfin ce choix de m'aimer, moi.
Aujourd'hui encore ce Co2 me tiraille, ma maigreur rendant difficile son évacuation. Les bilans de santé se succèdent avec leur lot de mauvaises nouvelles et en même temps leur tant attendue justification. Mes fatigues, pelades, changements d'humeur, difficultés trouvent peu à peu leur raison d'être et l'espoir de jours meilleurs semble grandir. Bien sûr, il y a ces montagnes d'ingurgitation chimique, ces impossibles gestes, cette intimité interdite, ces vacances entravées et ces rencontres si sporadiques. Bien sûr, tout cela me déprime, me rend faible, taciturne, léthargique mais il y a cette lumière qui peu à peu renaît.


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