Jeudi 12 juin 2014 à 20:21

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C'est toujours un peu la même chose, c'est toujours un peu les mêmes émotions.
Mais ce jour-là, ce fut un tout petit peu plus fort, un petit peu plus impressionnant.

Tant de joie, de plaisir, de fête.

J'ai aimé les accompagner, j'ai aimé les voir s'ouvrir à ces mots qui ne les tentaient pourtant guère.



Merci à vous, merci pour tout.


Lundi 9 juin 2014 à 10:43

Parcourir quelques 150 kilomètres à vélo, durant deux jours, le premier vers l’ouest, le second vers l’est. 150km et partout, la même ferveur, les mêmes sourires, le même respect. De manifestation en manifestation,  un concert, une cérémonie, un défilé, ou de simples badauds qui chantonnent ensemble. La Normandie fête sa liberté et les yeux sont rieurs.

Bien sûr, il y eut ces cérémonies officielles, triés sur le volet, les présents avaient montré patte blanche. Bien sûr, il y eut beaucoup, beaucoup d’argent dépensé. Hugo disait, en période de crise, il faut multiplier par 3 le budget du ministère de la culture. Parce que pendant 3 jours l’histoire est devenue présente mais elle s’est surtout fait patrimoine. Le patrimoine de notre liberté, le rappel que ces gens ont refusé qu’on avilisse, anéantisse, tous ceux qui étaient différents.

Depuis 3 jours, les gens se rassemblent, se taisent, écoutent, entendent, et surtout espèrent ne jamais avoir à revivre cela. Les douleurs d’hier sont devenues espoirs, les héros anonymes, parce qu’ils sont eu la chance que la vie ne les achève pas, ont bravé la fatigue, les affres de la vieillesse pour nous apporter les témoignages de leur force. Héros du hasard, par obligation ou par conviction, ils sont venus là, sur ces terres que je peux donc fouler depuis que je suis née, pour que la liberté s’accomplisse.

La Normandie est en liesse et le peuple se rassemble. Les commémorations sont belles parce qu’elles sont humbles, intègres, emplies de force et d’humanité. On y vient, on y reste, on en repart. Pas de tiroir-caisse, pas de vendeurs à tous les coins de rue, pas de sollicitation indécente. En Normandie, ce week end que vous soyez ouvrier ou dirigeant, vous aviez les mêmes droits. Les souvenirs ne s’associent pas avec la tirelire.

Alors, vous hurlerez peut-être pour vos impôts partis en fumée durant ces 23 minutes de ces 84 feux d’artifice sur toute la côte. Sans doute. Vous hurlerez devant les sommes dépensées, comme vous hurlez dès qu’il s’agit de payer des impôts. La France n’est jamais parvenue à vous expliquer pourquoi payer est le garant de votre liberté. Nombreux pensent que voter F.N permettra d’améliorer votre quotidien, comme si fermer les frontières, refuser la présence de l’autre, nier la nécessité de l’imposition sont les garants de votre avenir. Je m’interroge. Qui vous a donné le droit de refuser l’étranger ? Que penseriez-vous si c’était vous de l’autre côté de la frontière ? Comment peut-on penser que le renferment permet le développement. Oui nos dirigeants, depuis des décennies, se sont fourvoyés, non pas parce qu’ils ont voulu l’Europe mais parce qu’ils ont voulu une Europe libérale, économique. Ils ont oublié la nécessité de la pédagogie, la nécessité de l’humain et se sont perdus derrière les chiffres, la consommation, la croissance.

Je souris parfois lorsque j’entends les gens se plaindre. Se plaindre de payer trop d’impôts et en même temps se plaindre parce que l’école ferme trop tôt, se plaindre parce qu’un train est en retard, se plaindre parce que les prix augmentent, se plaindre, se plaindre, se plaindre.

En ce moment, chez nous, le diktat, ce sont les nouveaux rythmes scolaires. Les écoliers doivent travailler moins. Il faudrait donc qu’ils quittent l’école plus tôt. Les parents hurlent. Parce que leur progéniture  aura moins de savoir ? Que nenni. Ils hurlent parce qu’il faudra trouver un moyen de garde. Et voilà ! Ils ne veulent pas payer d’impôts mais ne veulent pas garder leurs enfants. Pourquoi, parce qu’ils travaillent ! Mais ce travail, bien souvent, qui enrichit-il ? L’Etat ? Non, une société capitaliste qui engrangera pour une minorité des bénéfices énormes qu’elle reversera à ses seuls actionnaires. Une société qui paiera toujours de plus en plus mal ses salariés mais ne se souciera pas de leur confort. Vous demandez à l’école de garder vos enfants mais pourquoi ce n’est pas à votre employeur que vous le demandez. C’est lui qui vous empêche d’être avec eux. Mais voilà, les entreprises, jamais ou presque, ne se soucient de cela. Dans ces moments-là vous considérez que l’Etat doit vous prendre en charge !

Alors, il y a tous ces artistes qui fuient pour payer moins d’impôts. Pauvres petits, 75% de leur revenu sont imposés. Tout d’abord, cela est faux, c’est 75% des revenus de la dernière tranche qui leur sont imposés. Quelle horreur! Ne vivre qu'avec 100000 euros par mois! Ce qu’ils oublient c’est que leur scolarité a été pour la plupart gratuite. Ce qu’oublie Arthur, c’est que s’il a été aussi célèbre, c’est parce que l’Etat a mis en place un réseau de télécommunication qui lui a permis d’accéder à tous les foyers, que les routes qu’il emprunte, les salles de spectacle dans lesquelles il se produit, les canaux de distribution n’existent que parce que l’Etat les a rendus accessibles à tous. Oui, je paie des impôts et je ne veux pas ne pas en payer parce que je ne veux pas d’une école privée, d’un réseau privé. Aujourd’hui, chaque privatisation se traduit par des injustices, des inégalités et absolument pas par des baisses de prix.

Alors, le F.N, qui vient de mener une politique de com absolument monstrueuse, ignoble, manipulatrice à l’aide de leur président honoraire, ne peut et ne doit pas être la solution. J’ai la chance d’être née dans un pays libre, au climat tempéré, au régime social imparfait mais existant, j’ai la chance d’être née là mais j’aurais pu naître ailleurs, et je ne veux pas que le seul fait du hasard m’attribue des droits sans devoirs.

Alors bien sûr, il y aura toujours des exemples de gens qui en profitent, qui bénéficient du système alors qu’ils ne le méritent pas mais n'est-ce pas le propre de l'humain de ne pas être altruiste? Il y a surtout des milliers de personnes qui bénéficient d'un système auquel elles ont le droit parce qu'elles l'ont mérité, parce que chez nous, il vaut mieux être un intellectuel qu'un ouvrier, un brasseur de monnaie qu'un brasseur de bière.

Vendredi, j’ai entendu des gens se plaindre parce qu’ils avaient dû attendre 2 heures un bus qui devaient les ramener sur Caen. Dans la file d’attente, la majorité se bousculait, ne respectait personne et pestait. Elle semblait avoir oublié que 12000 personnes à véhiculer sur une route unique, ça prend du temps. Elles ont oublié que seules dans leur voiture, elles auraient mis encore plus de temps. Elles ont même oublié qu'il y avait des malades, des enfants, des personnes âgées. Se bousculer pour être le premier! Mais voilà, on a habitué les gens à être des consommateurs, on les a habitués à ne plus faire d’efforts, à être des individus et non plus des citoyens. Et là, je sais, que c’est pas une question économique mais une question de culture, d’éducation.

Combien sont-ils à se plaindre du chômage et à n’acheter que des produits d’importation ? Combien sont-ils à se plaindre du manque d’emplois et à télécharger illégalement ? Combien sont-ils à ne jamais vouloir payer ? Vous me direz, ils n’ont pas les moyens, ils gagnent à peine le smic. Sans doute. Mais, on s’est alors tiré une balle dans le pied. Il est facile d’acheter un jean à 5 euros. Nous finançons ainsi le travail illégal, soutenons les ateliers insalubres et engraissons ceux que nous condamnons. Nous nous plaignons de la crise mais nous la développons, commandant par internet sur des sites détournant le régime fiscal.

Nous sommes nous aussi responsables de cette crise mais nous le refusons parce qu’il est plus facile de se plaindre, parce que nous préférons hurler contre l’Etat qui ne fait pas son travail. Oui, il y a de nombreuses dépenses inutiles mais, jamais je ne pourrai demander à un gouvernement de laisser la place à une logique libérale parce que le libéralisme, ce n’est pas l’accès à la liberté, à l'égalité. Je ne veux pas du droit du plus fort c'est à dire du plus riche. Rousseau déjà l’avait compris, lui qui pensait que la société était à l’origine des inégalités mais qui estimait que, si je voulais vivre libre, alors, il me fallait m’asservir à l’intérêt général.

A la naissance de mon premier enfant, je vivais avec 2000 francs par mois et j'étais heureuse. Aujourd'hui, j'en gagne 10 fois plus et je peine à joindre les deux bouts. Suis-je plus heureuse? Non! Partager les richesses, est une utopie qui n'a pas fait ses preuves mais refuser à l'autre d'accéder à nos richesses me fait peur. Quel sera le critère? A partir de quand considérera-t-on que je "mérite" ce qu'on me donne? Quelle sera la norme? Je ne sais plus, je ne comprends plus. Mais je savais, en parlant avec eux, que 70 ans, c'est long, c'était y a longtemps et qu'ils ont oublié les conséquences de ce repli sur soi.

Tout cela est très décousu, déstructuré, malhabile mais je suis en colère, et, mauvaise conseillère, elle m'ordonne de me taire.

 

Samedi 7 juin 2014 à 3:26

Comme une pause dans la grisaille ambiante, comme une parenthèse bienvenue, comme une pause dans la guerre envahissante, en ce jour, ils se sont tous retrouvés émus.

Sous le soleil normand, à l'exact rendez-vous, ce soleil qui ce soir laisse place à l'orage, les chefs se sont croisés, les morts se sont reposés et les coeurs envahis d'espoirs mièvre.

La journée coûteuse mais une pacotille à côté de leur vie, journée chaleureuse, on peut dire réussie.

Elle me crible de honte, de douleur enfouie. Elle me rappelle que le mal, le vrai je ne l'ai jamais connu.

Et pourtant, je me sens comme un déchet qu'il faut jeter avant qu'il ne soit nuisible.

Et je regarde ces hommes courbés et radieux. Je les envie presque d'avoir pu faire quelque chose de leur vie.
Et ces pensées à leur tour me lacèrent, me condamnent.

Je n'ai pas le droit de verser ses nombrilistes larmes. Je n'en ai pas le droit et elles redoublent d'effroi.

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