Jeudi 18 septembre 2014 à 23:17

Il est entré, frêle, souriant, les yeux fixant un point loin de moi, les mains serrées à en rougir, il est entré et s'est tu.

LA douceur de son visage contrastait avec l'étranglement de sa voix. La raideur de ses membres brisait la minceur de sa silhouette.

Que pouvais-je apporter à cet élève égaré, perdu dans les méandres de ses angoisses? Qui suis-je pour l'aider?

Il a souri encore et à l'appel de ma voix a tourné ses yeux, ses petits yeux noisette vers le tableau qui se trouvait derrière moi. Il ne me regardait toujours pas. Il a parlé, a conté ses angoisses qui sommeillent et jaillissent dès le moindre appel. Il a conté cet appétit qui le quitte, ses forces qui s'amenuisent. Il a souri de cette torture, a pleuré de ces moqueries, a continué et continué encore.

Il se dit plus serein, se dit plus fort mais les premières interrogations ont eu raison de ses certitudes. Son coeur s'emballe, la pièce se dérobe, la chaleur l'envahit

Il entrera de nouveau, il s'installera de nouveau, il sourira, racontera. Je l'écouterai, le rassurerai mais au fond de moi, sans cesse, je me demanderai ce que je fais là, pourquoi je suis là, si je fais bien d'être là, parce qu'il y a des gens dont c'est le métier, et le mien, ce n'est pas celui-là. Et pourtant, je ne peux pas lui dire non, je ne peux pas ne pas répondre, je ne peux pas me dérober.

J'aimerais tellement qu'on m'aide à l'aider.


Lundi 15 septembre 2014 à 23:13

Et ça avance, lentement, sûrement, ça avance.
On peint, on coupe, on pointe, on visse, on dévisse, on repeint, on essaie, on se trompe, on recommence, on envisage, on présuppose, on se trompe, encore, souvent et parfois, oh miracle, on réussit.

Petits travaux, petits maux, petits effets mais moral remonté.

Et si finalement, il n'appartenait qu'à moi de savoir être bien.

Samedi 6 septembre 2014 à 18:16

Ensemble 24h et il est parti vers le sud voir cette petite nouvelle. Il est parti sous le  soleil et dans un sourire.
Aujourd'hui il pleut et ses mots ne sont plus les mêmes.
Tout n'était que manigance, tout n'était que bienséance et c'est finalement ignoble.

La reprise est difficile tant les heures s'accumulent sans que je puisse souffler. Je n'imaginais pas qu'aujourd'hui avoir le téléphone et toute connexion habituelle pouvait être aussi compliqué. Combien de boutons à actionner? Je n'imaginais pas que le silence pouvait faire autant mal, qu'une maison finalement ce n'est jamais silencieux. La VMC, les craquements des bois de l'escalier, les sacs qui se disloquent... tous ces petits bruits qui parfois m'effraient, qui me tiennent en alerte. Pourtant je n'ai pas peur. DAns cette maison aux pierres imposantes, rien ne peut arriver.

Les travaux minent le moral. Il y a toujours un détail à terminer, toujours un détail qui empêche d'avancer.

L'année s'annonçait, ce sera peut-être la plus compliquée, elle est en tout cas terriblement usante et mon corps a décidé de s'en mêler. Je crains que la barre des 50 n'aient été de nouveau franchie. Quelle calamité! Pourquoi me faut-il tant de semaines pour prendre quelques kilos et quelques jours pour les perdre? Pourquoi à mon âge ne suis-je pas capable de retenir ces rejets qui me minent, qui m'humilient.

Le psy affirmait qu'on contrôlait son alimentation quand on perdait le contrôle de sa vie. Et s'il avait raison? Bien sûr, comme beaucoup je n'aime pas les bourelets mais je ne suis plus une gamine, je sais apprécier un corps avenant, je ne quête pas la minceur absolue. Alors, si ce n'était qu'une question de contrôle? De chantage avec moi-même? Il est sans doute tant de nouveau consulter.

Les heures passent. Je suis toujours étonnée par la relative facilité avec laquelle ils s'habituent à des têtes nouvelles. Mais déjà je ressens un léger sentiment de lassitude. 4 ans, 4ème fois que je foule ces portes en septembre et tout est joué. Ils savent, vous n'avez plus rien à craindre, vous semblez déjà un mur qu'il ne faut tenter de démonter parce que vous êtes intraitable. Ils savent et vous les retrouvez parfois après quelques années et ils ne peuvent pas avoir oublié votre "autorité". Sera-ce ma dernière année ici. Vais-je une nouvelle fois demander à bouger? Pour ne pas me lasser? Pour aller vers un ailleurs alors que c'est partout pareil. Les enfants trop jeunes pour les laisser mais trop vieux pour les délocaliser ne permettent pas un départ lointain. On ne peut les priver d'un parent, alors lorsque vous êtes séparés, vous êtes condamnés à rester résidents à proximité

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