Samedi 22 novembre 2014 à 23:40

Sans doute y retournera-t-elle? Sans doute cette maladie insidieuse reviendra trop profondément à la surface qu'elle ne pourra y faire face mais, aujourd'hui, sur le tableau d'affichage, la victoire est pour elle, éclatante, extraordinaire, miraculeuse. Elle a gagné par K.O et les félicitations de tous. Ils lui ont dit qu'elle avait été une patiente modèle, une jeune fille lumineuse. On le savait, on avait tellement confiance en elle que jamais on a vu en ce syndrome la marque de sa déchéance. Oui, on a osé en parler, on a osé dire "ma fille est Tourette" et a donc le DROIT à la différence! Mais, surtout, ils ont accepté, ils ont affirmé, oui, elle est tourette "ET ALORS?", elle n'est pas plus différente que chaque individu. Oui, elle crie, oui, elle parle avec une voix qui se brise, oui, elle a des gestes inopinés, oui elle ne sait pas toujours maîtriser ses mots, sa voix, ses gestes. Et alors? Elle est belle, intelligente, sereine, attentive, altruiste, débordante d'énergie, conciliante, généreuse... Bien sûr, elle est aussi à l'aise avec son corps qu'un aveugle avec les couleurs. Bien sûr, elle est aussi à l'aise en société qu'un poisson sur la terre ferme. Et alors? Faut-il être Casanova pour séduire? Pour être digne d'intérêt?

Non, nous sommes fières de cette jeune fille. Fiers de son courage. Fiers de ce qu'elle est. Fiers de ce qu'elle entreprend.

Jeudi, ce fut la dernière fois que nous l'emmenions vers ce cabinet que beaucoup auraient considéré comme une ennemi mais qu'elle a eu l'intelligence de considérer comme un soutien. Mais, c'est elle qui a combattu, elle seule qui a gagné. La victoire n'est peut-être que temporaire mais elle le sait. Et cette certitude de sa fragilité est une force que personne ne lui enlèvera.

Et je suis tellement fière d'elle. J'espère qu'un jour elle pourra témoigner que l'acceptation de la différence est le pas le plus important pour assumer cette différence. J'espère qu'un jour, elle pourra témoigner que, bien sûr, cela a eu un coût, bien sûr cela a demandé du temps mais que, tous ceux qui l'ont croisée, que tous ceux qui l'ont acceptée, ont appris, grandi grâce à leur tolérance!

Nous n'irons plus dans ce cabinet mais, chaque fois que je passerai devant, je songerai à les remercier.

Il ne me restera, à moi, que la culpabilité de me sentir responsable de ce syndrome, de me sentir responsable de son déclenchement. Egoïstement, j'ai cru qu'on pouvait aimer librement. Egoïstement, j'ai détruit la vie de mes enfants pour un amour qui me semblait trop fort pour poursuivre un mariage qui pourtant fonctionnait. Il me restera la certitude de l'erreur commise. Jamais, non, jamais, je n'aurais dû faire subir cela à mes enfants. Et même si j'ai essayé de leur faire le moins de mal possible, il faut aujourd'hui payer le prix fort de cet amour "démesuré'.

Samedi 8 novembre 2014 à 21:11

Tourner la page. Accepter cette nouvelle épreuve. Accepter l'écher. Oublier les rêves, oublier les espoirs.
Tourner la page, page blanche ou page assombrie par la douleur du partir.
Tourner la page et grandir, se développer, assumer ses erreurs, ses douleurs.
Tourner la page quand on vous demande encore et encore d'être là, d'être forte, d'être souriante.
Tourner la page sans avoir le temps de se retourner.
Tourner la page alors que je continue... de rêver?

Vendredi 7 novembre 2014 à 19:37

Il y eut le duomo, il y eut le Leonard, il y eut les pinacothèques, le quartier de la Brerra, les happy Hour, le lac, les dômes, et il y eut le luxe, le calme, la volupté...
Il y eut cette escapade à l'apparence idyllique mais il y eut surtout cette surtout que le mot fin doit être posé, sans amertume, dégout, simplement parce qu'il n'y a plus rien pour lutter pour éviter cette fin.

Il est là, vaque dans cette maison qui est la mienne et dans laquelle je l'entretiens, verbe terrible mais qui correspond à ce que je ressens.

Je crois qu'il suffisait d'aimer mais l'amour n'est rien face à la dépression et l'éloignement. On peut aimer, croire que l'autre est votre bonheur mais, la réalité vous ramène à cette douloureuse réalité, il faut songer à se quitter. Plus de crises, plus de larmes, plus de heurts, parce que plus rien n'est espéré, plus rien n'est demandé, plus rien n'est attendu. Et ne plus avoir d'espoir est pire que la mort car vivre c'est désirer, enfin, je crois. A moins que, finalement, je ne sais être heureuse.

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