Ta jeunesse rend les choses tellement simple. Aucune remarque désobligeante de ma part, juste peut-être une forme d'idéal que je respecte mais qui n'est pas forcément compatible avec les méandres de la vie.
Prendre de la distance, certes, solution évidente mais trop sans doute pour qu'elle soit possible. Solution qui prouve que c'est en soi qu'il faut trouver la force et non attendre de l'autre qu'il vous la donne. Solution qui suppose une estime de soi, une autonomie qui, si elles existaient n'auraient pas besoin d'être sollicitées puisque le problème n'existeraient pas. Si j'avais la force de cette distance, cette douleur n'existerait pas, cette gifle ne serait jamais partie, cette sensation d'impossible issue ne m'étoufferait pas.
Guère facile d'expliquer, voire dégradant de le laisser paraître, de le formuler. Cette lucidité de l'écrit et de l'analyse accentuent l'immensité de l'abîme. Ne pas avoir la force du dédain et de la désinvolture. Ne pouvoir partir pour ne pas assumer cette rupture, ne pas vouloir constater qu'elle lui est profitable. Ne pas vouloir accepter que l'on n'est rien.
Et souffrir, souffrir chaque jour de son rôle de tyran, l'écrire mais ne pouvoir lutter et sombrer dans le sordide. Constater qu'il donne peu, méprise beaucoup et surtout se moque de vous parce que lui, sait, que vous ne partirez pas, parce que lui ne souffrirait pas de votre départ. Situation inégalitaire qui plonge l'autre dans les bas-fonds parce qu'il n'a aucune légitimité. Et l'ensemble devient sordide. Refuser que l'autre puisse profiter des plaisirs qu'il vous refuse, se détruire parce que l'autre ne lutte pas pour vous, se déshumaniser parce que l'autre profite et assume et ne change rien quoi que vous fassiez. Pire, il affirme son pouvoir en revenant sur ses engagements, en acceptant une invitation où vous n'avez pas le droit d'être, avec des gens qui refusent votre existence alors que vous deviez sortir ensemble.
Alors, pourquoi je reste. Parce que lorsqu'on est méprisée, on lutte pour exister. Parce que l'amour propre est un vice qui se décuple comme vous ne vous estimez pas. Parce que lorsque les efforts ne sont pas partagés, vous voulez toucher les fruits de votre abnégation, vous voulez au moins une fois, obtenir ce que vous méritez. PArce que la jalousie remplace la compassion quand le respect n'est plus réciproque. On peut se quitter sans peine lorsqu'on arrive à la fin d'une histoire lorsque chacun a vécu dans le respect et la volonté que l'autre aille bien. Lorsque la relation était fondée sur un nous permettant à chaque je son épanouissement et son autonomie. Il est des séparations qui sont l'accomplissement d'un chemin mené ensemble.
Je m'épanche, sans doute trop, à la faveur de cet anonymat.
J'ai lu avec intérêt ce que tu as écrit. J'apprécie ces "billets" que tu transmets.
JE crois qu'on ne se regarde le nombril que parce qu'on vit dans un monde favorisé. J'ai honte de cela.
Je suis seule responsable de ma vie et de ce que j'en fais. C'est une chose en laquelle je crois. Je peux blâmer, haïr, hurler mais rien ne m'oblige à vivre cela. Je suis juste faible, très faible, trop vieille et trop immature pour me prendre en charge
Longue réponse, fortement narcissique et nombriliste.
Mais je voulais te montrer que ton attention m'avait touchée. Voulais sans doute montrer que c'est nous qui sommes responsables, nous seuls
Bonne journée